Ce site : pour qui ?

Pourquoi donc m’avait-il semblé nécessaire d’écrire à propos des douleurs les plus fréquentes (si mal reconnues…) ? Il m’a fallu un long temps pour saisir en profondeur mon intention.
Et pour m’expliquer avec cette question, il fallut d’abord que je sache à qui je ne m’adressais pas.

Je ne m’adresse pas aux professionnels, car force est de constater que les douleurs mécaniques ne relevant pas de la chirurgie ne sont pas prises en compte avec le sérieux qu’elles mériteraient. En témoigne l’absence catastrophique de l’enseignement de la Médecine Orthopédique en faculté de médecine ou dans les écoles de kinésithérapie… cela est surtout vrai en francophonie alors même que les Scandinaves, par exemple, se sont emparés de la démarche du docteur Cyriax au point de créer récemment une table spécifiquement conçue pour la Médecine Orthopédique  et de continuer l’enseignement, depuis plus de 30 ans, en s’inspirant largement d’un livre exceptionnel rédigé par un Belge (3° édition).

Je ne m’adresse pas non plus aux patients qui cherchent ou attendent une solution miracle extraordinaire. Celle-ci n’existe pas, mais certaines « pratiques » promettent, avec force récit et poésie, des métamorphoses plus séduisantes les unes que les autres. Et chacun serait tenté « d’y croire » parce qu’Homo Sapiens s’est « construit » et est devenu le « maître » de la terre en inventant des histoires, des fables, des mythes auxquelles il a cru, comme l’explique si bien Yuval Noah Harrari. Mais la médecine (fin du XIX °, début du XX ° siècle) a effectué un saut qualitatif à tout point de vue lorsqu’elle a balayé toute poésie, toute explication évidente ou séduisante… lorsqu’elle a renoncé aux récits ancestraux et qu’elle s’est fondée sur un « nous ne savons pas » auquel nos ancêtres n’auraient pas même pensé. Nous sommes donc tous appelés désormais à « adhérer sans croire » (en plagiant Cioran) et cela est très difficile, entre autres parce que c’est très nouveau.

« On ne peut jamais que croire, toute la différence étant entre ceux qui croient quils savent et ceux qui savent quils croient ». Jean Rostand mort en 1977.

En fait, j’écris pour soutenir ceux que la médecine abandonne trop souvent…
Malheureusement cette tendance à l’abandon (explications psychologiques, « stress », fibromyalgie…) semble s’empirer depuis que la « médecine basée sur les preuves » (Evidence based medicine) est devenue un lieu commun… Et le troupeau bêle : radios, échographies, scanner, IRM, soi-disant preuves… ce nouveau dictat de la pensée médicale imposerait (si on le suivait) de ne rien dire (ou faire) qui n’ait été prouvé. Ainsi, de confusion en confusion, on en arrive, par exemple, à confondre les conclusions d’un examen technique (protocole d’échographie par exemple) avec un diagnostic.

Or le docteur Cyriax (considéré comme le père de Médecine Orthopédique) n’a -par exemple- pas attendu l’IRM pour pratiquer des péridurales basses en posant l’hypothèse de douleurs pouvant être causées par une irritation (inflammation) de la dure-mère due à un recul d’un ou de plusieurs disques inter-vertébraux (hypothèses basées sur l’anamnèse, les connaissances anatomiques et physiologiques et l’expérimentation). Cyriax écoutait le patient, pratiquait des tests très standardisés, plaçait son geste médical sous l’influence de son hypothèse diagnostique et en changeait si nécessaire… On pourrait presque dire que le diagnostic final arrivait après le traitement.
Cette démarche fut très heureuse et il travailla quasiment jusqu’à la fin de sa vie (à la Rochester University).

Aborder les douleurs les plus courantes relève, donc, plus de la déduction et de l’expérimentation que de la preuve (qu’on peut, cependant, chercher pour aller plus loin). D’autant plus que certaines pathologies ne se voient pas aux imageries et que certaines autres ne sont pas la cause des douleurs pour lesquelles le patient consulte (faux négatifs, faux positifs).

Plus haut je remettais la foi en cause et je m’en suis expliqué. Trop succinctement sans doute, car nous ne pouvons nous en passer -c’est un fait-. Mais encore faut-il savoir que faire de ce besoin essentiel de « placer sa foi, sa confiance ». La tendance spontanée est de croire à de belles histoires, à de beaux récits comme nos ancêtres l’ont toujours fait.
Mais, aujourd’hui il y a lieu de se méfier de cette tendance naturelle et s’outiller pour évaluer le thérapeute auquel on s’adresse :

« Mon seul objectif a été celui d’un guide et un guide n’est qu’un étudiant curieux de plus. La seule qualification d’un guide est qu’il était avant et qu’il a construit un territoire »
Rémy Puyuelo en préface de « L’enfant abandonné » de Niels Peter Rygaard.

Tant d’abandonnés. Tant de douloureux chroniques. Tant de « fibromyalgiques »…
Puisse mon petit travail permettent à quelques-uns d’entre eux de passer de l’errance à l’itinérance.

Vous pouvez m’interpeller, j’essaierai de répondre !

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