En quoi peut-on faire confiance ? En qui peut-on faire confiance ? (patient, kiné) ?
Particulièrement, en tant que kinésithérapeute, peut-on faire confiance à notre main ???
Petits rappels historiques :
Kepler, Copernic, Galilée : nous ne pouvons faire confiance à nos yeux… Et pourtant nous continuons à dire que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest.
Darwin : nous « croyons » notre nombril. Et pourtant nous ne sommes pas le centre de la création et il n’y a pas de différence de nature entre les animaux et nous.
Freud : nous ne gouvernons pas notre vie avec notre « conscient »
Damasio : notre rationalité émotionnelle est essentielle à nos prises de décision.
Les neuro-sciences modernes donnent presque toujours tort à nos intuitions. Ainsi : nous avons déjà « décidé » au moment où nous disons « je décide que… ». Nous sommes donc toujours en retard (comme par les effets de la vitesse de la lumière) et nous sommes aussi toujours en avance (travail du lobe frontal pour donner du sens au récit que nous écoutons).
Rizzolatti, Galese..., ont démontré qu’Aristote avait raison : nous sommes les animaux les plus imitateurs qui soient et cela commence dès la naissance (avant aussi). Cette imitation serait même la base de la construction de nos deux autres cerveaux (rationnel, émotionnel).
Entre 1960 et 1980, deux « originaux » ont secoué des évidences et cela nous concerne aujourd’hui plus qu’hier.
René Girard de L’Académie Française (« Mensonge romantique et vérité romanesque », « La violence et le sacré ») émit l’hypothèse que contrairement à l’impression romantique, nous sommes des êtres d’imitation… Nous ne faisons jamais qu’emprunter et imiter le désir des autres. Dans « Des choses cachées depuis la fondation du monde », il en appelait (avec Jean-Michel Oughourlian) à une nouvelle psychologie : la psychologie interdividuelle (ou mimétique.
James Cyriax, durant la même période, prit ses distances avec la chirurgie orthopédique et jeta les bases de la Médecine Orthopédique Générale. Les fondements de son approche = se méfier des systèmes explicatifs intuitifs, chercher la cause des douleurs par déduction, et se méfier de la main en tant que moyen de diagnostic et de traitement.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
– Toute la mouvance de recherche en neurosciences qui concerne les neurones-miroirs donne raison à Girard et toutes les sciences de l’homme en sont bouleversées.
– Pendant ce temps, la Médecine Orthopédique Générale n’a toujours pas pris son envol [en tout cas dans le monde francophone] (Cyriax). Et le nombre de douloureux chroniques ne cesse de croître.
Cette situation est préoccupante et certains ont tenté de la comprendre [comme Gaël Piette de l’Universite de Rouen. Mémoire]
Je vous engage, bien sûr, à le lire en détail et à découvrir les bases de la zététique.
Et retenir l’essentiel :
« Le diagnostic de la main du kinésithérapeute est à prendre avec beaucoup de précautions. La croyance dominante consiste à croire qu’une main experte est capable de détecter et de sentir des tensions ou autres dysfonctionnements biomécaniques avec une grande valeur diagnostique. La profession s’est construite sur ce dogme.
Cependant, des connaissances scientifiques, initiées, par les pays anglo-saxons, existent et l’ensemble de ces tests est passé au travers du prisme de la démarche scientifique.
Il en ressort que les techniques manuelles faisant appel à la sensation pure du thérapeute ne sont pas d’une grande fiabilité [Cleland, 2006].
En revanche, de nombreuses études montrent tout leur intérêt pour mettre en évidence par exemple des problèmes structurels [une lésion méniscale d’un genou, un problème biomécanique d’une sacro-iliaque…]. Ce diagnostic ne repose pas sur la seule sensation du thérapeute, mais sur la combinaison de tests qui visent à reproduire un symptôme ou un signe clinique. »
La pensée critique est en train de s’immiscer à l’intérieur de notre idéalisme spontané [issu de Platon. Et qu’on peut résumer de la façon suivant : « Si les idées ne correspondent pas au réel, c’est que le réel a tort »], fécondé par le pragmatisme [le conséquentialisme] anglo-saxon.
En ce qui concerne les douleurs musculo-squelettiques qui ne relèvent pas de la chirurgie, il faut toujours se méfier :
– du patient qui croit que la cause de ses douleurs se trouve sous la localisation de la douleur [là où il voudrait qu’on le touche] et qui croit spontanément aux explications ambiantes qui sont faciles, rapides et fausses [pour plagier Mencken]. Importance capitale de la notion de douleur projetée : ICI et ICI
– de nous-mêmes. Car nous « croyons » à la capacité de notre main d’à la fois poser un diagnostic et appliquer un traitement adéquat. Alors que « des connaissances scientifiques existent, créées par les pays anglo-saxons et l’ensemble de ces tests est passé au travers du prisme de la démarche scientifique. Il en ressort que les techniques manuelles faisant appel à la sensation pure du thérapeute ne sont pas d’une grande fiabilité [Cleland, 2006]. » Gaël Piette.
Besoin d’un petit break pas loin de chez vous ?
Face à la mer opale dans un appartement moderne et familial (prix raisonnables)…
Cliquez sur la photo ci-dessous
Qu’est-ce que la fibromyalgie ?
Maladie chronique, caractérisée par une sensation de douleur générale diffuse ou de brûlure de la tête aux pieds, avec un sentiment de fatigue profonde, sans lésion. Une condition douloureuse pouvant devenir invalidante.
Cette maladie affecte 3% de la population.
Elle atteint surtout les femmes,
9 malades sur 10 sont des femmes
principalement entre 35 et 45 ans,
touchées en pleine période professionnelle.
On retrouve souvent
Un sommeil non reposant ; fatigue et raideur au lever ;
Des maux de tête » ordinaires » ou fortes migraines ;
Des troubles digestifs, diarrhées et/ou constipation, ballonnements et/ou nausées ;
Des troubles génito-urinaires ;
Des états dépressifs ou d’anxiété (plus souvent la conséquence que la cause de la fibromyalgie)
Ces symptômes sont aggravés par le stress, les émotions, par un manque ou excès d’activité physique ou par un travail trop contraignant ou des tâches répétitives.
Situation en France
Dans notre pays, de nombreuses personnes ne sont pas encore diagnostiquées à cause de la prise en compte insuffisante des douleurs et des épuisements durables inexpliqués. Cette situation laisse les personnes atteintes, et leurs familles dans la souffrance et le désarroi. En France la détection de cette maladie, est comprise dans une durée moyenne de 7 ans, afin que le malade soit diagnostiqué et pris en charge, de façon pluridisciplinaire en France. On estime entre 2 et 5% (voire parfois 8 %) la part de la population française touchée soit environ 2 millions de personnes concernées directement ou indirectement, dont 200 000 dans un état grave et/ou quasi-grabataire.
Aux Etats-Unis, elle représente près d’un cas sur dix d’invalidité.
La question est de savoir pourquoi personne ne se penche sur le rapport entre cette pseudo-maladie et les douleurs projetées : https://orthopedie-pour-tous-vos-douleurs.com/fibromyalgie-2/. voir aussi http://www.ombregt.be/frans/sch01239.htm et https://orthopedie-pour-tous-vos-douleurs.com/la-douleur-projetee-selon-cyriax/
Un homme de plus de 50 ans (fumeur, en surpoids, stressé, sédentaire) qui a mal au bras gauche subitement au cours d’un bon repas se rend-il chez le kiné pour recevoir un bon « massage profond » ? Si oui : il mourra !
La question est aussi de savoir pourquoi les Français attachent autant d’importance aux massages qui sont connus pour être inutiles depuis plus de 60 ans. Il faut dire qu’ils reçoivent un diplôme de « masseur-kinésithérapeute » et que l’Ordre qu’ils ont créé s’est empressé de protéger le titre de masseur au point que chaque kiné peut intenter un procès à toute personne qui pratiquerait le massage sans le même diplôme que lui. On n’est pas « rendu » !!!
Yves
Je ne sais pas pourquoi personne ne se penche sur le rapport entre les douleurs projetées et la fibromyalgie, peut être qu’il n’y a aucun rapport justement! Malgré les très nombreux examens, aucune lésion n’est détectée. Quel intérêt de mentir aux patients ? Comme vous dites, on n’est pas rendu !
Bonsoir,
Il n’y a pas de complot. Mais la démarche en Orthopédie non chirurgicale est, à la fois, très difficile ET elle n’a rien de miraculeux (comme quand on pose une prothèse de hanche). Bref, il faut -pour affronter les douleurs communes- s’être expliqué avec son ego ET la volonté de toute-puissance qui habite tout « thérapeute ». Soi dit en passant (et j’ai fait TOUTES les formations possibles et inimaginables pendant 20 ans : des chaînes musculaires à l’ostéopathie) les praticiens qui ont perpétué la démarche de Cyriax n’ont fondé aucune mouvance, aucune association, aucune structure de pression comme on en trouve, par exemple, en ostéopathie où les aspirants ostéopathes doivent faire allégeance à leurs maîtres et renoncer à leur diplôme de kinésithérapie. Cyriax lui-même n’avait rien fondé et a travaillé jusqu’au jour de sa vie.
À propos de la fibromyalgie, je le dis souvent, si j’avais 25 ans aujourd’hui avec les douleurs que j’avais, je serais très certainement diagnostiqué fibromyalgique. Derrière tout ce bazar se cachent beaucoup de paresse et le besoin (pour les soignants) de se rassurer en instaurant des classements et en étiquetant.
le problème est le même en psychiatrie :
https://www.youtube.com/watch?v=sGCj9k0jwY0
cordialement
Yves
Bonjour Yves,
Bel article, mais pas facile de s’y retrouver en tant que patient(e) …puisque pas écouté(e)
Je vais chez le kiné pour des massages profonds depuis des semaines, aucun changement !
Même si je reste persuadée que mes douleurs musculaires au dos sont liés à mon ex travail sur ordinateur, je reste étiquetée fibromyalgique.
Amicalement,
Marie