Ostéopathie : quand les journalistes se laissent séduire !

L’ostéopathie c’est aussi pour les bébés

Ostéopathie : lien ici

Article publié le 02 août 2011 par Pascale Santi. Le Monde

Extrait : Pleurs, coliques, vomissements, difficultés à téter… Quelques séances peuvent suffire à soulager les nourrissons. Un bébé de quatre jours qui ne cesse de pleurer malgré les tentatives répétées de réconfort. Une petite fille de deux jours qui n’arrive pas à téter. Une autre, à peine plus âgée, qui reste toujours dans la même position… Chaque vendredi, Michèle Barrot, ostéopathe, vient en aide aux nourrissons de la maternité du centre hospitalier Victor-Dupouy, à Argenteuil (Val-d’Oise). « Sa mandibule était mal positionnée, ce qui ne déclenchait pas le réflexe de succion, explique Michèle Barrot à propos du bébé incapable de prendre le sein de sa mère. »

L’ostéopathie crânienne du nourrisson en question
Point de vue | LEMONDE.FR | 08.08.11 | 9 h 16 par Jean-Michel Pedespan, neuropédiatre au CHU de Bordeaux
À la suite de l’article de Pascale Santidans Le Monde du 2 août, il semble souhaitable d’apporter quelques informations complémentaires concernant l’ostéopathie crânienne du nouveau-né et du nourrisson qui doit être distinguée de l’ostéopathie de l’adulte.
L’ostéopathie crânienne soulagerait les pleurs, les coliques, le reflux gastro-œsophagien, les difficultés à téter… Elle réduirait le temps d’endormissement, modifierait l’activité du système nerveux sympathique, l’anxiété, l’agitation… et pourrait même avoir une action préventive. Cette énumération est trop belle pour y croire.

Une théorie devant toujours être mise à l’épreuve de la critique, il paraît important d’éviter certaines conclusions légères après la lecture de cet article.
On doit souligner l’immense progrès accompli par la connaissance scientifique au cours de ces dernières années, qui repose sur la reproductibilité des observations et des mesures. On doit écarter dans le même temps la faiblesse des témoignages individuels, des cas isolés rapportés…
Si ces précautions étaient prises, on ne présenterait pas l’ostéopathie crânienne comme une acquisition innovante et mal comprise des médecins… Il s’agit d’une technique ancienne, utilisée aux USA depuis la première moitié du XXe siècle, qui a montré ses limites comme ses dangers. Son efficacité supposée reposerait sur la mobilité des os de la boîte crânienne et les mouvements du cerveau. La neurophysiologie moderne n’a jamais enregistré le moindre mouvement cérébral. Quant aux os du crâne, ils se soudent progressivement et de façon définitive, ce que mettent en évidence les examens tomodensitométriques réalisés en trois dimensions au cours des premiers mois de vie. Il n’est pas concevable d’imaginer qu’un toucher, aussi délicat soit-il, soit susceptible de modifier le fonctionnement de la sécrétion de la glande pinéale qui régule les rythmes de veille et de sommeil.

Le grand polymorphisme des indications de cette technique est à lui seul un indicateur de sa faiblesse. L’efficacité de cette méthode n’a jamais été mesurée et évaluée dans des conditions sérieuses depuis 1930. Elle peut être dangereuse quand elle écarte certains enfants de traitements médicaux ou chirurgicaux appropriés (déviations rachidiennes du nourrisson, torticolis…) et dans des situations marquées du sceau de l’organicité.

Les difficultés d’adaptation psychique d’un nouveau-né sont, en revanche, sous-estimées. Le temps de la naissance et des premiers jours de vie devrait être mieux encadré par des professionnels de santé selon les cas : puéricultrices, sages-femmes, psychomotriciennes et kinésithérapeutes… Les séjours d’hospitalisation en maternité sont de durée de plus en plus brève pour des raisons économiques. Les temps de l’information, de l’éducation se trouvent réduits. Les troubles mineurs du nouveau-né sont alors mal compris par des parents souvent jeunes et désemparés. Les séances d’ostéopathie devraient être remplacées par des temps d’échanges avec des professionnels beaucoup plus féconds et moins coûteux. Ces prises en charge ne font qu’apporter calme et réconfort à des parents inquiets, déconcertés par un pleur ou une douleur banale.

La présentation de l’ostéopathie crânienne comme une alternative aux médicaments est une erreur.
Les acteurs du secteur de la protection maternelle infantile devraient être les interlocuteurs privilégiés de ces situations avec un rôle d’éducation et de prévention.
La dimension psychique de la réponse est importante et s’adresse tant à l’enfant qu’à ses parents. Il est banal de dire que le champ de la clinique pédiatrique associe intimement subjectivité et objectivité. Ces deux notions fondamentales sont les piliers du raisonnement médical. La pratique du soin, particulièrement au cours des premières semaines de vie, doit tenir compte de ces éléments.
On doit éviter de donner des explications hâtives à la résolution de tous les maux de la petite enfance avec un raisonnement qui relève plus de Bouvard et Pécuchet que de la rigueur scientifique. Des rencontres avec les parents en dehors du cadre de l’hôpital, de la maternité avec des professionnels pourraient avoir des vertus thérapeutiques équivalentes.
L’ostéopathie crânienne compte parmi ses plus solides détracteurs des ostéopathes. Cette méthode probablement intéressante dans des situations précises chez les adultes n’a pas fait la preuve de son efficacité chez l’enfant. Il est heureux de constater que l’AP-HP ait souhaité l’évaluer, au même titre que les cures thermales, dans les prochains mois.

Vous pouvez bien sûr m’interpeller… Je répondrai à chacun, toujours !!!
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