Une tendinite, c’est quoi ?

La tendinite est une affection douloureuse du tendon correspondant une inflammation du (ou autour du) tendon.
Dans le langage courant le terme de tendinite est abusivement employé pour désigner toute tendinopathie (ou tendon douloureux), mais les tendinopathies regroupent en réalité :

  • les tendinites (inflammatoires).
  • les tendinoses (état de dégénérescence chronique non inflammatoire)
  • et les paraténonites ou ténosynovites (inflammatoires, avec atteinte de la gaine synoviale, hypervascularisation de la gaine du tendon et exsudat fibreux).
    En pratique clinique le terme de « tendinopathie »  désigne donc ces trois affections du tendon douloureux.

Les tendinopathies font partie des troubles musculosquelettiques.

Sportif ou pas,  si vous souffrez de tendinite  il faut comprendre ce qu’est un tendon, à quoi il sert, comment on pourrait l’empirer alors qu’on tente de soulager la douleur pour être acteur de votre traitement !

-Le tendon est une des structures qui lient et stabilisent les articulations. C’est une structure passive (qui relaye la force produite par le muscle), mais qui joue un rôle essentiel dans le mouvement articulaire.
-Le tendon attache le muscle à l’os, transmet les forces et ainsi produit un mouvement articulaire.
-Le tendon permet aussi au muscle d’être à une distance optimale de l’articulation.
-Le tendon est un tissu conjonctif dense, très peu vascularisé = cicatrisation difficile après blessure.
Les fibres (collagène) du tendon sont organisées parallèlement entre elles.

Le tendon est un matériau précontraint dont le rôle principal est de résister aux forces qui s’exercent selon l’axe de ses fibres. Il possède l’une des capacités de résistance les plus élevées de tous les tissus du corps.

Comme tous les tissus conjonctifs du corps, le tendon comprend quelques cellules, les fibroblastes (environ 20 % du volume total) et une abondante matrice extracellulaire (environ 80 % de ce même volume) qui contient :

  • un peu moins de 70 % d’eau.
  • 30 % de constituants solides synthétisés et sécrétés par les fibroblastes : le collagène (matériel très solide) et une petite quantité d’élastine (protéine élastique)
  • Le reste de la matrice, la substance fondamentale, est une matière solide composée de longues chaînes d’acides aminés et de glycoprotéines.

Le contenu en collagène est généralement supérieur à 95 % de poids sec du tendon.
À l’extrémité des tendons, le matériel solide peut être composé presque exclusivement de collagène (jusqu’à 99 % du poids sec).

+ L’unité fondamentale du tendon est la molécule de collagène appelée également tropocollagène.

+ Plusieurs tropocollagènes sont regroupés dans une micro-fibrille à l’intérieur de laquelle ils sont disposés à la fois en parallèle et en série.
Des ponts existent également entre les tropocollagènes au sein de la micro-fibrille.
Ces liaisons intra- et extra-chaînes sont essentielles à la stabilité de la molécule de collagène et de la micro-fibrille. Ce sont elles qui confèrent au tendon sa solidité et lui permet de fonctionner sous des contraintes mécaniques importantes.
Plus les liaisons sont nombreuses, plus le tendon est résistant.
Le nombre de ces liaisons varie avec l’âge. Dans le collagène nouvellement formé, les liaisons sont relativement peu nombreuses et sont instables. À mesure que le collagène devient mature (jusqu’à 20 ans environ), le nombre de liaisons instables diminue laissant place à un plus grand nombre de liaisons stables.

+ Les micro-fibrilles sont assemblées pour former des paquets appelés fibrilles (aspect strié au microscope) qui forment unestructure très stable qui nécessite une grande quantité d’énergie et de force pour séparer les molécules.
+ Les fibrilles sont regroupées en fibres qui sont à leur tour regroupées et maintenues ensemble par une membrane, l’endotendon, pour former des faisceaux.
+ Les faisceaux sont assemblés et maintenus ensemble par le paratendon pour former le tendon.
Tendon

L’élastine
Les propriétés mécaniques des tendons sont dépendantes de l’architecture et des propriétés des fibres de collagène ET de la proportion d’élastine que ces structures contiennent (élastine peu présente contrairement aux ligaments).

La substance fondamentale
C’est une substance gélatineuse (protéines d’adhésion) homogène qui occupe l’espace entre les fibres et les cellules de tendon. Sorte de ciment entre les micro-fibrilles de collagène, elle aide à stabiliser le tendon et contribue à sa résistance globale.

Jonction du tendon avec l’os      
Les tendons sont entourés de gaines aux endroits où les forces de friction sont élevées. Cette gaine, appelée paratendon a un rôle de protection pour les fibres tendineuses et facilite le glissement des tendons, par exemple au contact des pièces osseuses qui agissent alors comme des poulies. Chaque faisceau de fibres est entouré d’une membrane appelée endotendon. Elle se prolonge d’un côté jusqu’au périmysium pour former la jonction musculo-tendineuse et de l’autre côté vers le périoste pour former la jonction ostéo-tendineuse. Cette dernière présente la particularité d’être formée par quatre zones allant du collagène à une forme de plus en plus minéralisée (fibrocartilage associé à du collagène) pour finir par de l’os cortical. Ce changement graduel du tendon à l’os induit un changement des propriétés mécaniques du tissu (augmentation de raideur) qui diminue les effets concentration des tensions au niveau de l’insertion du tendon dans l’os.

Ce qu’il faut retenir :
. Le tendon est une des structures qui lient et qui stabilisent les articulations.
. Le tendon est une structure passive (qui relaye la force produite par le muscle), mais qui joue un rôle essentiel dans le mouvement articulaire.
. Le tendon attache le muscle à l’os, transmet les forces et ainsi produit un mouvement articulaire.
. Le tendon permet aussi au muscle d’être à une distance optimale de l’articulation.
. Le tendon est un tissu conjonctif dense, très peu vascularisé = cicatrisation difficile après blessure.
. Ses fibres (collagène) sont organisées en parallèle dans l’axe du tendon.

Le tendon est un matériau précontraint qui résiste aux forces qui s’exercent selon l’axe de ses fibres et qui possède l’une des capacités de résistance les plus élevées de tous les tissus du corps.

Que s’est-il passé juste avant que vous soupçonniez souffrir d’une « tendinite » ?
Quelques microfibrilles ou quelques fibrilles ont cédé et cette « déchirure » provoque une réaction inflammatoire qui est douloureuse.

Comment mettre en évidence une tendinite ? càd : une atteinte du tendon qui fait souffrir (car, par exemple au niveau de l’épaule, on peut trouver par l’échographie des signes de souffrance d’un ou de plusieurs tendons sans que ces « souffrances » ne soient la cause de la douleur du patient — Exemple : un patient souffre de capsulite rétractile ET on constate à l’échographie que les tendons souffrent… Il faut soigner la capsulite).

Il faut pour mettre en évidence une tendinite que l’histoire du patient, la description de l’apparition de sa douleur et sa douleur y fasse penser. De plus, il faut interroger spécifiquement le ou les tendonS de façon très précise et évaluer si ces tests reproduisent LA douleur du patient. Si ce n’est pas le cas (même si l’échographie conclut à une tendinopathie), il ne s’agit pas d’une tendinite !!!

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Quelle est la réaction spontanée de tous les hommes face à cette douleur ?
Tenter par tous les moyens de la faire disparaître (Voir post « Douleur-ressentir »).

La douleur est une perception, dit Schilder, mais une perception très particulière. Quand nous souffrons physiquement, dit-il, la nature de la cause de notre douleur nous importe moins que la sensation éprouvée. C’est une sensation qui provoque un comportement : la faire cesser, c’est une injonction à la faire cesser. C’est une perception et c’est aussi une émotion.

Un athlète engagé dans une course entièrement tendu vers le but, terminer la course, gagner la course, atténuera ou effacera la sensation de douleur. Un danger majeur abolit la douleur d’une blessure, la fuite ou l’affrontement mobilisent toute l’attention. L’atténuation, voire l’abolition de la douleur est due, en particulier, à la libération par notre cerveau d’équivalents naturels de la morphine, les endorphines. Mais une fois le danger passé ou la course achevée, le but atteint, la douleur ressurgira. Et c’est une modulation inverse qui apparaîtra alors le plus souvent, une accentuation de la sensation de douleur, une hypersensibilité de la zone douloureuse, et une inhibition de notre capacité à la mobiliser, à la bouger. Cette réaction a pour effet d’entraîner une immobilisation de la région lésée, de la protéger, de ne pas accentuer la lésion, et de favoriser ainsi sa réparation. Mais parfois, cette réaction s’auto-entretient et s’amplifie. Les cartes sensorielles et motrices du corps se modifient, la capacité de bouger le membre disparaît, et cette réaction, la douleur prolongée, l’incapacité de bouger, altère la main, le bras, le pied, c’est ce qu’on appelle une algodystrophie. La douleur devenue chronique ne protège plus le corps. Non seulement elle est devenue une source de souffrance permanente, mais elle altère le corps.

Il y a de nombreuses sources de douleurs chroniques. Elles deviennent ce qu’on ne peut plus faire cesser. Ce qui demande que ça cesse et qu’on ne peut plus faire cesser. Elle modifie les émotions, les pensées, les comportements, les interactions avec les autres. La douleur est devenue alors en elle-même une maladie.

Bref, nous avons tous tendance à nous immobiliser lorsque nous avons mal, mais –souvent cette réaction spontanée- même si elle est efficace au début, cette réaction peut empirer la situation et même accentuer la lésion anatomique responsable de la douleur.

Que faire ?
La réaction d’immobilisation spontanée peut dans certains cas être recommandée, mais pendant peu de temps (épicondylite subite et très aiguë).

Ensuite, comme l’affirmait déjà le docteur Cyriax, il faut tout faire pour aider le tendon (idem pour le muscle et le ligament) à cicatriser en retrouvant l’orientation « naturelle » de ses fibres. Cyriax ne préconisait pas l’immobilisation (en particulier en cas d’entorse de cheville-atteinte ligamentaire), mais le mouvement naturel ET la mobilisation par les doigts du thérapeute de façon à éviter que les fibrilles et les fibres ne s’accolent entre elles et perdent ainsi de leur capacité à absorber les contraintes.

formations d'adhérences

Cette mobilisation préconisée par Cyriax fut appelée par certains « Massage Transversal Profond », par d’autres « Friction Transversale profonde », mais il vaudrait mieux parler de « Mobilisation Transversale Profonde » pour rester dans l’idée de Cyriax (qui, rappelons-le, avait démontré l’inutilité du massage [naturel, traditionnel… ] du moins à titre thérapeutique).

Plus récemment (depuis 1984), le docteur Stanish, professeur d’Orthopédie Surgery à Dalhousie University et médecin-chef de l’équipe canadienne lors des Jeux olympiques d’été, à Los Angeles en 1984 et à Séoul en 1988, a mis au point un protocole de rééducation pour les tendinopathies.
Son travail a consisté à tenir compte du fait que le repos et l’immobilisation ont un rôle négatif (allongement du temps de réparation, de rééducation, ainsi qu’une cicatrisation pouvant créer des imperfections) notamment pour les tissus conjonctifs.
Ce protocole de rééducation fait appel à des techniques sollicitant le tendon en torsion et en traction, par un travail musculaire excentrique.
Stanish préconise une pratique du renforcement musculaire, de type excentrique, afin d’obtenir une cicatrisation tendineuse optimale par l’apport vasculaire, l’innervation et la traction mécanique.

Le travail Excentrique
Le muscle est composé d’un corps charnu (le muscle en lui-même), ainsi que de tendons qui servent de fixation sur l’os. Lorsque le muscle se contracte, il se raccourcit, tirant sur les tendons et rapprochant ainsi les insertions osseuses (provoquant le mouvement de ou des articulations). Ceci est la contraction concentrique.

Concentrique

À l’opposé, durant l’effort excentrique, le muscle s’allonge, éloignant les insertions.
Par exemple, pour le biceps du bras, l’effort concentrique va permettre de fermer le coude ; alors que l’effort excentrique va l’ouvrir.

Excentrique

Lors d’un effort concentrique, la force augmente de manière continue jusqu’à la moitié du mouvement (environ) pour ensuite décroître. La force est issue du travail mécanisme du tissu musculaire (le tissu conjonctif transmettant les forces aux articulations). La force concentrique dépendra donc du nombre de ponts actine-myosines mis en jeu. La contraction musculaire nécessitera l’utilisation d’ATP et la consommation de substrat pour reformer le stock de phosphagènes d’où l’augmentation de la vascularisation locale.

À l’inverse, lors d’un effort excentrique, la force augmente tout au long du mouvement en fonction de l’étirement musculo-tendineux pour atteindre son apogée lorsque l’étirement est à son maximum. La contraction musculaire initiale met en tension le tissu conjonctif. La forme contractile chutera au fur et à mesure de l’étirement alors que la force de l’ensemble musculo-tendineux augmentera. Il y a ici peu de consommation d’ATP. Il n’y a pas donc d’augmentation de la vascularisation locale.

RATHBURN (J, Mc NAB. I, The microvascular pattern of the rotator cuff. J. Bone joint Surg. 52 B, 540-553, 1970) nous montre que le travail excentrique nous place dans les conditions idéales des lésions potentielles d’origine mécanique par « hyper-étirement » et métabolique par hypoxie tissulaire.

Nous pouvons définir le travail excentrique  :

  • Les points d’insertion du muscle s’éloignent.
  • Le muscle a un rôle de frein (il cherche à ralentir l’éloignement de ses points d’insertion).
  • La tension active développée par le muscle est maximale lors d’un travail excentrique pur.
  • Les tendons et les éléments élastiques du muscle opposent une résistance élastique (passive et non motrices) au couple muscle tendon, participant ainsi au rôle de frein.
  • Plus la vitesse de contraction est rapide, plus la régulation neurophysiologique est efficace, permettant un recrutement temporal et spatial des unités motrices à leurs maximums.

Ainsi, la force excentrique ne peut progresser que grâce à sa propre amélioration.

Or, on sait que les lésions tendineuses et musculaires se passent pendant l’activité (ou le sport) lors de la phase de « freinage » (phase excentrique) et cette phase est d’autant plus délicate lorsque a personne n’a pas l’habitude du mouvement qu’elle pratique (peindre sa façade, par exemple, pour une tendinite possible des muscles qui contrôlent le poignet et qui « s’accrochent » au coude [épicondylite possible]) ou ne contrôle pas bien un geste technique difficile (épitrochléite possible pour un joueur de golf) ou n’est pas suffisamment bien préparé (tendinite rotulienne du randonneur : le tendon commence à souffrir, sans que le randonneur s’en rende compte, lors de la descente de la montagne).

Exemples :
Si vous souffrez de tendinite du tendon rotulien et/ou de chondropathie rotulienne, il est temps de revoir l’émission du Magazine de la Santé :

+ Massage Transversal Profond

Puis de visionner la vidéo qui détaille les bases du travail en excentrique pour le tendon rotulien.
Tendinite du Genou et Méthode de Stanish

Bref : même si la réaction « naturelle » est d’immobiliser, nous savons désormais que la solution réelle est dans la MOBILISATION

Si vous souffrez de tendinite du tendon d’Achille :
Outre les conseils classiques, le massage transversal profond et les exercices en excentriques de Stanish sont très conseillés avant de penser à une infiltration.
Massage Transversal Profond : exemple

Les exercices en excentrique de Stanish.

Rappel : Le docteur Stanish, professeur d’orthopédie Surgery à Dalhousie University et médecin-chef de l’équipe canadienne lors des jeux olympiques d’été, à Los Angeles en 1984 et à Séoul en 1988, a mis au point un protocole de rééducation pour les tendinopathies. Ce protocole de rééducation fait appel à des techniques sollicitant le tendon en torsion et en traction, par un travail musculaire excentrique.

En effet, le repos et l’immobilisation pour une grande partie des blessures, et notamment pour les tissus conjonctifs ont plus un rôle négatif (allongement du temps de réparation, de rééducation, ainsi qu’une cicatrisation pouvant créer des imperfections).

Ainsi, Stanish préconise une pratique du renforcement musculaire, du type excentrique, afin d’obtenir une cicatrisation tendineuse optimale par l’apport vasculaire, l’innervation et la traction mécanique.

Bref : même si la réaction « naturelle » est d’immobiliser, nous savons désormais que la solution réelle est dans la MOBILISATION

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