Le monde est plein d’idées généreuses devenues folles.
Ostéopathie cranio-sacrée (1929) William Garner Sutherland (1873-1954) (États-Unis)
Extraits de tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles
William G Sutherland, jeune journaliste au Austin Daily Herald, était un élève de la première heure de Still. Au cours de ses études qu’il effectua de 1898 à 1900, il tomba en arrêt devant un crâne semi-désarticulé et eu l’intuition, « l’idée folle » comme il la qualifiera plus tard (Sutherland, 1962), que les agencements anatomiques des structures crâniennes indiquent l’existence de mouvements entre elles. « L’idée folle » était notamment issue du fait qu’en observant les surfaces articulaires de l’os sphénoïde il les trouvait « biseautées, comme les ouïes de poisson, indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire ».
Il en extrapola le concept de Mouvement respiratoire primaire (MRP), que l’on pourrait décrire comme un présumé mouvement rythmique involontaire d’expansion/rétraction du crâne induit par la fluctuation du liquide céphalorachidien, l’action des membranes intracrâniennes (comprenant la dure-mère, la tente du cervelet et la faux du cerveau) et intraspinales et la mobilité des os du crâne. Ce prétendu mouvement est dit primaire, car il serait acquis avant la naissance et précéderait la respiration pulmonaire, dite secondaire. L’histoire raconte qu’obsédé par sa découverte, W. G. Sutherland garda pour lui pendant plusieurs années le fruit de ses travaux de recherche initiés dans les années 1920, avant d’en faire une monographie, intitulée The cranial bowl en 1939, et récemment traduite et réunie en français sous le titre Textes fondateurs de l’ostéopathie dans le champ crânien (Louwette, 2002). W. G. Sutherland n’a pas écrit d’autobiographie, mais sa femme Adha Strand Sutherland se chargea de narrer la vie de son mari après son décès dans With Thinking Fingers : The Story of WiLLiam Garner Sutherland (1962).
Mode de découverte : le MRP aurait été « découvert » par analogie entre la forme de l’os sphénoïde et celle des ouïes de poissons.
Scientificité de la découverte : pas de publication scientifique publiée.
Principe théorique non étayé : l’analyse du mouvement respiratoire primaire indiquerait la source de nombreuses pathologies.
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