« En vieillissant, on retourne un peu plus à l’amont, à la source, aux eaux premières et l’on se souvient de ces moments de Gloire. On s’en souvient même mieux qu’avant… Les couleurs, les odeurs, le corps qui fend soudainement la surface de l’eau, l’intrépidité et la confiance, les cheveux qu’on ébroue en émergeant, les gloussements de joie, le clapotis de l’eau, le contact rugueux des berges, la douceur de mûres de l’île d’en face… A chacun ses souvenirs de grâce. Pour moi, ce fut -entre autres- la Meuse… »
J’écrivis ces quelques phrases le jour de mon anniversaire après m’être « retrouvé en enfance » dans l’excellent documentaire de Xavier Istasse : « Les gens du fleuve »
Et le même jour, Jean-Claude Ameisen sur France Inter, dans son émission « Sur les épaules de Darwin », distillait l’une de ces plus belles interventions depuis 2010.
Traces, empreintes, souvenirs, flux, roman et poésie, musique et neuro-sciences.
Qui pourra un jour expliquer ces petits miracles ? Ces spontanéités magiques… Jusque dans l’affection particulière que nous semblons porter, lui et moi, à Stan Getz et au jazz en général.
La vie est surprenante, brève et belle par cette brièveté et son inutilité.
« Traces », l’émission du 8 juin 2013…
Il faut longtemps pour que resurgisse à la lumière ce qui a été effacé. […]
Depuis, le Paris où j’ai tenté de retrouver sa trace est demeuré aussi désert et silencieux que ce jour-là. Je marche à travers les rues vides. Pour moi elles le restent, même le soir, à l’heure des embouteillages, quand les gens se pressent vers les bouches de métro. Je ne peux m’empêcher de penser à elle et de sentir un écho de sa présence dans certains quartiers. L’autre soir, c’était près de la gare du Nord.
Patrick Modiano. Dora Bruder.
Quelle est la troisième personne qui marche toujours à tes côtés ?
Quand je compte, il n’y a que toi et moi ensemble,
Mais quand je regarde plus loin sur la route blanche,
Il y a toujours une autre qui marche auprès de toi […]
– Mais qui est-ce de l’autre côté de toi ?
T. S. Eliot. The Waste Land. [La Terre Vaine]
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Très émouvant. On pourrait écouter Jean-Claude Ameisen pendant des heures ..