On ne parle presque plus d’art en médecine !
« Homme de l’art » est devenu désuet…
Les images produites par des appareils qui furent conçus pour contrôler les techniques permettant à l’homme de marcher sur la lune ont supplanté la réflexion, la patience, la rigueur, la passion, la détermination. Et beaucoup en payent le prix fort, surtout dans le domaine qui concerne mon métier (et ce site).
Je cherchais depuis longtemps une manière d’exprimer mon attachement à l’artisanat et voilà qu’une sorte d’ange moderne débarqua dans ma vie aux côtés de Barbara et de Camélia Jordana. Trio miraculeux, ne trouvez-vous pas ? Suggestion…
« Mes mains, je veux bien vous les montrer. Blanches, veineuses, rien d’extraordinaire. »
« J’ai rencontré la musique par neuf années de conservatoire autant que par d’imperceptibles instants de la vie quotidienne. Un frémissement, une présence, une émotion trop fébrile pour s’écrire. Je l’ai apprise de mes apnées, mes peurs, mes amours. Par manque d’air. J’ai appris la musique pour éviter d’étouffer. »
Alexandre Tharaud, Montrez-moi vos mains, Grasset, 2017.
Une personnalité sensible, fragile, passionnée, tout autant que rigoureuse, courageuse, déterminée. Un homme qui consacre chaque mesure de la partition de sa vie – chaque note, chaque silence, chaque soupir surtout – à la musique.
En visitant le site d’Alexandre Tharaud vous serez impressionné, sans doute, par ces images de mains…
Mes mains sont aussi les outils que j’utilise pour découvrir, penser et tenter de panser…
Elles n’ont rien d’extraordinaire, comme dirait Alexandre Tharaud, mais sans elles je ne pourrais plus pratiquer ce que j’ose nommer « mon art »… avec le plus de rigueur possible, avec courage et détermination.
Le deuxième geste du travail est le silence.
Max Jacob (retrouvé dans les notes de Brassens)
Dans un autre article, je reprenais quelques phrases du mémoire de Gaël Piette de l’Université de Rouen à propos de la foi spontanément accordée par les patients et les kinés aux « pouvoirs de la main ».
Voici :
« Le diagnostic de la main du kinésithérapeute est à prendre avec beaucoup de précautions. La croyance dominante consiste à croire qu’une main experte est capable de détecter et de sentir des tensions ou autres dysfonctionnements biomécaniques avec une grande valeur diagnostique. La profession s’est construite sur ce dogme.
Cependant, des connaissances scientifiques, initiées, par les pays anglo-saxons, existent et l’ensemble de ces tests est passé au travers du prisme de la démarche scientifique.
Il en ressort que les techniques manuelles faisant appel à la sensation pure du thérapeute ne sont pas d’une grande fiabilité [Cleland, 2006].
En revanche, de nombreuses études montrent tout leur intérêt pour mettre en évidence par exemple des problèmes structurels [une lésion méniscale d’un genou, un problème biomécanique d’une sacro-iliaque…]. Ce diagnostic ne repose pas sur la seule sensation du thérapeute, mais sur la combinaison de tests qui visent à reproduire un symptôme ou un signe clinique. »