L’arthrose de genou est aussi fréquente que mal prise en charge. Et, après des dizaines d’années de pratique de la Médecine Orthopédique, je suis convaincu qu’il est souvent possible de ne pas poser de prothèse (idem pour la hanche.) Pour cela, il faut s’occuper de la pathologie dès les premiers symptômes et faire en sorte que le patient comprenne ce qu’il peut faire pour s’aider lui-même et ceci est d’autant plus important que les techniques manuelles n’apportent pas grand’chose (sauf, bien sûr s’il y a des pathologies ligamentaires anciennes comme, par exemple, une séquelle d’entorse du ligament latéral interne.)
Le docteur James Cyriax disait, à raison, que ce que dit le patient est suffisant pour faire le diagnostic au niveau du genou (pas ailleurs). Il faut donc bien vous écouter. Tout commence là.
Ensuite, il faut pratiquer un examen clinique minutieux et standardisé.
Ensuite, si l’on suspecte une arthrose de genou, il faut réaliser les radios standards.
Buts : évaluer l’arthrose éventuelle de la rotule et celle du genou.
Remarque la radio en position dite « schuss » est trop souvent négligée alors qu’elle peut révéler une perte de hauteur de l’interligne articulaire que ne montre pas la radio de face.
Malheureusement, cette démarche n’est plus respectée et on prescrit très (trop) rapidement un scanner ou une IRM.
Bien sûr, ces examens apporteront des informations. Mais la question est de savoir si celles-ci seront utiles.
Par exemple : fissuration du ménisque interne. Ah oui ! Et alors ? En quoi cette information peut-elle aider le praticien manuel et le patient si l’examen clinique n’a pas suspecté le ménisque comme cause des douleurs ?
Les radios (face, profil, schuss) sont d’un grand intérêt, car elles permettent d’évaluer le stade auquel vous êtes et cela est important, car aux deux premiers stades les injections d’acide hyalorunique retardent très efficacement l’arthrose et permettent une meilleure prise en charge. Sans oublier que, si l’on s’occupe bien de cette arthrose, on peut éviter la majorité des prothèses (n’en déplaise aux chirurgiens.)
Stades de l’arthrose du genou
Bref, le plus souvent l’arthrose de genou commence par des douleurs liées à des efforts inhabituels, mais ces douleurs peuvent augmenter et empêcher, par exemple en randonnée, de descendre la montagne (pour des raisons que je ne développerai pas ici, mais en résumé : descendre une montagne équivaut, en termes de contraintes, à la monter 3 fois.)
De même que l’on peut remarquer que l’arthrose touche plus le côté interne du genou (pour des raisons mécaniques que je ne développerai pas ici.)
Alors donc, comment faire pour ne pas être simplement « suivi » tous les ans (ou tous les deux ans) par un spécialiste du genou (IRM, scanner) sans prise en charge par un kinésithérapeute compétent… afin d’éviter la prothèse ?
Il faut respecter les trois points précédents (écouter, examiner, faire les bonnes radios.)
– Traiter les troubles mécaniques connexes (séquelles d’entorse du ligament latéral interne, perte de mobilité de la hanche, bursite fessière, tendinite du moyen fessier, etc. etc…..)
– Faire en sorte que le patient comprenne que le quadriceps est la clef de la stabilité du genou (car, il faut bien comprendre -même si cela est contre-intuitif- que l’arthrose se développe le plus souvent sur un terrain instable.)
– Pour renforcer le quadriceps, il ne faut pas oublier que nous sommes bipèdes. C’est pourquoi le renforcement doit en arriver à se faire debout.
– Enfin, il faut toujours se souvenir que nous ne sommes pas des machines. Nos muscles participent à la mobilisation des articulations, mais aussi à l’absorption des contraintes. De plus, ils possèdent des récepteurs (idem pour les tendons) qui informent en permanence la moelle afin que celle-ci adapte les efforts aux situations. Il faut donc -toujours- introduire dans la prise en charge des exercices proprioceptifs (comme pour l’entorse de la cheville.)
Pour aller plus loin :
– Renforcement du quadriceps
voir la fin de mon post sur les tendinites pour les explications
– Renforcement, mais aussi proprioception qu’on peut désormais faire chez soi avec quatre plaquettes. Cliquez sur l’image ci-dessous.
Imagerie médicale en orthopédie : quels fantasmes ???