Depuis plus de 30 ans, les images médicales se multiplient et se font de plus en plus précises.
Fascinant, certes. Mais que peut-on en tirer au bénéfice du patient ?
Plus le temps passe (plus les images se précisent), plus il me semble (en orthopédie non chirurgicale) que les images (échographie, RX, scan, IRM…) peuvent être mal utilisées.
En effet, cette fascination efface -doucement, mais sûrement- la différence qu’il faudrait toujours faire entre les images du patient et le patient.

Les romanciers, Kant, les phénoménologues, Magritte ont bien saisi et décrit (à leur façon) ce risque de confondre l’objet représenté et l’objet réel… Mais leurs mises en garde ne semblent pas avoir encore vraiment « éveillé » le corps médical (dans le domaine qui m’intéresse en tous cas).
Pour accéder le mieux possible à la réalité des douleurs du patient, il faut toujours se souvenir qu’il vit et qu’il sait beaucoup de choses sur lui-même (il faut donc l’écouter attentivement ET le tester). Les imageries ne sont, le plus souvent, que des outils pour préciser (ou infirmer) des hypothèses afin de prendre les meilleures décisions.
Cette remarque me semblait importante, car beaucoup de patients croient que le protocole d’une échographie (de l’épaule, par exemple) constitue un diagnostic. Cela est faux et il faut relever avec force cette erreur, car plus les échographies évoluent plus « on » trouve des tendinopathies (tendinites).
Depuis plusieurs dizaines d’années de nombreuses études cadavériques ont montré, au niveau de l’épaule, que l’on pouvait prévoir ce qu’on allait trouver… en fonction de l’âge du patient. Et peut, effectivement, aujourd’hui identifier (par échographie) des tendinopathie (« tendinites »?) chez presque tous les patients (à peu près de la même façon selon l’âge), mais peu en souffrent. En effet, pour conclure à une tendinite, il faut prendre en compte la douleur et la localisation de la douleur projetée + il faut que le test (au cabinet) de contraction du muscle sans mouvement de l’articulation reproduise LA douleur pour laquelle le patient consulte. Et si ces conditions sont remplies, il faut alors se demander s’il est vraiment nécessaire de réaliser une échographie.
Il n’y a pas plus de tendinites aujourd’hui qu’avant même si on en parle beaucoup…
En réalité, on n’écoute plus assez le patient, on ne le teste plus au cabinet, mais on laisse le soin aux techniciens de « débusquer » les pathologies au risque de ne pas identifier la pathologie qui correspond à LA douleur du patient.
Bref, il y a beaucoup moins de tendinites à soigner que celles qui sont identifiées (objectivement ?) par les échographies.
Malheureusement, les images sont fascinantes et les hommes croient ce qu’ils voient. Et je suis sûr que vos douleurs seront mieux prises en charge lorsque, vous-même patient, vous interpellerez cette croyance… à l’intérieur de votre subjectivité avant d’interroger celle de votre médecin, kiné ou autre !
Vous êtes moins malades que vous ne le croyez. Mais, malgré la puissance des techniques d’imagerie, il semble bien que vous soyez mal pris en charge… ce qui vous rend malade. De rage ???